Grande différence entre visiter par soi-même et un guide ! Je n’aurai jamais été aussi passionnée par cette visite si je n’avais pas eu la chance de rencontrer Mme CARBONEL, charmante dame au chapeau, de l’association « ST Même patrimoine » .
Située en grande champagne , premier cru du cognac , la commune est implantée sur le crétacé supérieur .
La présence d’objets de l’Age de bronze prouve que des hommes y vivaient déjà.
Le Dolmen des courades dit de la pierre levée , dont la table est cassée au sol, démontre la présence de Celtes. Il est érigé sur l’ancienne source de La Smaronne (nom pré-celtique), à l’époque où les sources étaient divinisées.
Le nom « St MÊME », et son église du 12 ème siècle possédant une crypte du 13 ème siècle classé aux monuments historiques, vient de « sanctus maximus » un saint solitaire du 5ème siècle de Touraine.
Dans les carrières , ce calcaire blanc légèrement ocre , d’une qualité remarquable a été exploitée en carrière d’abord à ciel ouvert, puis en galerie pendant plus de mille ans , débutant au 8ème siècle .
Ces bloques étaient taillés en énorme cube qu’on appelle « carreau », puis séchés et expédiés d’abord par gabare, puis par train, exportés dans le monde entier.
Ces carreaux ont servi à la construction
-du phare de CORDOUAN
-la ville de BIARRITZ
-la ville du CAP en Afrique du sud
-L’Arc de Triomphe
-Les églises de COLOGNE
-Le château FRONTENAC au QUEBEC
-le socle de La Statue de la Liberté
Les carrières furent exploitées jusqu’en 1975 , dans un premier temps par les seigneurs de la région jusqu’à la Révolution , puis par de nombreux propriétaires ensuite. Le front de taille mesure plus de 2km , et 80km de galerie sur 3 niveaux allant jusqu’à 90m de profondeur. La taille anarchique dans les piliers ont provoqué de nombreux éboulements , conduisant à la mort de 9 victimes au 19 ème siècle dont trois enfants (l’âge minimum au travail étant de 7 ans). Même si un loi de la protection du travail existait de 1810 sans cesse bafouée, une ordonnance royale de 1838 servira de modèle aux autres exploitations après le drame.
A ST MÊME , ont trouve des alluvions, sable d’origine sédimentaire renfermant de nombreux restes d’animaux: os, dents, défenses d’ éléphant (Eléphas Antiquus).
L’apparition de la maladie de la vigne , le Phylloxera, mettra au chômage les hommes et c’est tout naturellement qu’ils se retrouveront à travailler dans les carrières , développant économiquement la région (apparition de commerces, services , quinze bars et….Le Moulin Rouge ! …..si, si).
Les lavoirs sont très nombreux en Charente, celui du village possède trois bassins : pour le sale, le rinçage , et un pour laver les animaux . Ce qui fait la richesse de ce patrimoine est l’héritage des différentes batailles et invasions en grand nombre . Celtes, Gaulois, Huns, Vandales, Wisigoths, Francs, Arabes, Vikings, Normands, sans oublier la guerre de 100 ans , puisque cette régions servait de frontière entre le royaume de France et la Guyenne Anglaise. Le « château » de St Même et son église en ont souffert. Il ne reste plus grand chose de ce château , sauf les cuisines , un trace sur l’église qui nous apprend que ce bâtiment était accolé , ainsi que les restes de bâtisses qui pouvaient être des lieux de stockage . Les archives parle de deux maisons fortes et d’un pigeonnier, et font état d’une grosse tour de 6m de côté sur 3 étages abandonnée au milieu du 16 ème siècle. On ne sait pas si ce château était considéré comme « maisons fortes » .
Un immeuble témoigne de l’importance du passé de St Même, la maison du prévôt au dessus du « four banal » du 17 ème siècle , salle de garde et lieux de stockage auparavant .
Ravie de ma visite , je fais une petite pause sous ce chêne planté à la révolution , et qui a résisté à la tempête de 1999, et qui est répertorié aux arbres remarquables .
Pour voir la vidéo cliquez ici.